103 Peugeot : Les 50 ans
Lorsqu’on parle mobylette en France, il y a deux références incontournables : le 103 Peugeot et la Motobécane 51. Ces deux modèles de mobylettes ont été les produits phares des constructeurs français de cyclomoteurs durant trois décennies : les années 70, 80 et 90.
Ils ont fini par disparaître à l’aube des années 2000, victimes des normes antipollution qui ont sonné le glas des moteurs 2 temps.
Après avoir été oubliés, maltraités ou encore jetés à la ferraille pendant de trop longues années, ils ont retrouvé leur statut de référence et sont recherchés par les collectionneurs de tous poils.
Nous ne pouvions donc pas terminer l’année 2021 sans partager avec vous quelques lignes pour fêter une dernière fois les 50 ans du 103 et comprendre comment ce cyclomoteur a pu survivre à un demi siècle d’évolutions.
Le 103 Peugeot est resté longtemps le chouchou des adolescents
Sorti début 1971, le 103 a vite rencontré un vrai succès auprès des jeunes durant les années 70-80 et même au-delà.
Le cyclomoteur était à l’époque le moyen de transport plébiscité par les jeunes gens et jeunes filles. Et le 103 Peugeot a vite touché un large public. Un moteur fiable et des coûts contenus sont sans doute à l’origine de ce succès.
Mais un concurrent de taille était aussi présent, qui a divisé le monde des « mobeurs » en deux camps opposés.
Peugeot / Motobécane : le duel fratricide
Ce concurrent n’est autre que le Motobécane 50 puis 51 qui a précédé ou talonné le 103 Peugeot suivant les périodes. En fait, le marché français du cyclomoteur était outrageusement dominé pas nos deux constructeurs nationaux durant une trentaine d’années. En effet, ils n’ont laissé que peu de place aux fabricants européens et même japonais.
Cette rivalité a toujours stimulé les équipes de nos deux constructeurs français, les obligeant à innover sans cesse pour trouver le moyen de gagner des parts de marché.
Mais on peut aussi constater que les ados étaient aussi partie prenante de ce duel, générations après générations durant toute cette période.
Les uns vantaient l’esthétique et les performances du 103 Peugeot, tandis que les autres mettaient en avant la fiabilité de Motobécane.
Les partisans du Peugeot 103 mettaient aussi en avant l’image plus jeune et urbaine de ce cyclo. Jusqu’à l’apparition des séries 51 black et autres déclinaisons, Motobécane avait une image plus rurale et utilitaire.
Pour tenter d’être objectifs, il faut dire que le 103 Peugeot disposait dès sa sortie d’un moteur avec admission par clapets. Il pouvait être débridé très facilement et à moindre frais : des clapets et un échappement plus performants et un carburateur de 15 suffisaient à obtenir des performances honorables.
De leur côté, les premier modèles de chez Motobécane étaient équipé du moteur AV7 avec admission par cylindre. Ils étaient aussi handicapés par un variateur lourd et peu performant. Pour un réel gain de performance, il était quasiment indispensable de faire l’acquisition d’un nouveau variateur, ce qui venait grever le budget limité des adolescents.
Aujourd’hui encore cette « guerre des marques » perdure auprès des collectionneurs et les deux camps continue de s’affronter, arguments et mesures de performance à l’appui, pour monter que leur cyclo préféré est le meilleur.
Le concurrent de toujours le MBK 51
Peugeot 103 : des évolutions constantes mais une base qui est toujours restée la même
En fait, durant ces trois décennies, les évolutions du 103 Peugeot ont été constantes mais la base technique est restée la même.
La première évolution est née avec la création du 103 SP qui proposait une partie cycle différente : fourche, bras oscillant et amortisseurs à ressorts apparents, le moteur restant le même.
Une autre étape a été d’équiper le 103 de l’allumage électronique. Cela a été aussi un réel pas en avant dans leur fiabilisation.
L’apparition du kick a été aussi un éléments important, lié à l’évolution de la réglementation qui n’imposait plus la présence des pédales, pourtant pratiques en cas de panne. Cela a été surtout un argument marketing, positionnant le cyclo comme une alternative crédible aux petites motos.
La dernière grosse évolution a porté sur l’apparition du refroidissement liquide sur des moteurs dont la base technique restait toujours la même tant pour le 103 Peugeot que pour les MBK 51.
Le 103 Vogue : fiable et relativement facile à trouver en bon état d’origine
Un marketing à la pointe pour séduire les afficionados
Il faut saluer la créativité des constructeurs et de leurs équipes de communication qui ont su doper régulièrement les ventes grâce à la commercialisation d’une multitudes de séries spéciales.
En effet, ils ont surfé sur les effets de mode pour créer des machines attirantes, avec des modifications minimes, quelques accessoires et une déco spécifique.
Cependant, comme on a pu le voir précédemment, les vrais évolutions techniques ont été minimes durant toute cette période.
Motobécane utilisait d’ailleurs la même recette pour rester dans la course.
On ne compte plus ces séries spéciales du Peugeot 103 dont certaines sont devenues très rares et recherchées aujourd’hui . On citera entre autres les séries : Chopper, Racing, Chrono, Turbo 16 et l’Excalibur entièrement chromé.
Des publicités ciblées pour chaque série spéciale, ici le 103 SPX
Un gros marché : le tuning des mobylettes
Mais Peugeot et Motobécane n’étaient pas les seuls à surfer sur cette vague de la mobylette. Les fabricants d’accessoires s’en sont aussi donnés à cœur joie durant 30 ans. Et en tout premier lieu les Italiens, forts de leur expérience des cyclo sports, qui proposaient tous les kits moteurs, carburateurs, filtres à air, échappements et autres amortisseurs pour transformer votre Peugeot 103 en bête de course.
Vous trouviez aussi tout le nécessaire pour améliorer l’esthétique de votre monture : selles, guidons et autres accessoires chromés. En tête de liste, les célèbres guidons Z bar. Est venue ensuite la mode des accessoires torsadés : Guidons, cale-pieds, porte-bagages, béquilles …
On le voit, tout cela était très efficace pour récupérer très régulièrement l’argent de poche des ados.
En fait, les gens de marketing ont adapté habilement la mode du tuning auto – apparue aux Etats-Unis dans les années 30 – à ce marché du cyclo accessible dès 14 ans.
Petite sortie entre amis, on reconnaît le 103 Peugeot Vogue
Rien n’a changé !
Depuis quelques années, les quadras et quinquas se sont laissés gagner par la nostalgie et se remettent à la mobylette.
Et on constate que rien n’a changé. Les séries spéciales font toujours rêver les « mobeurs » en quête du saint Graal : la série spéciale qu’ils avaient acheté à leur 14 ans !
Les fabricants de pièces ont aussi rapidement compris le potentiel de ce marché ressuscité 20 ans après la disparition des derniers modèles de 103 Peugeot.
On prend les mêmes et on recommence : Malossi, Dellorto, Polini … Tous ces fabricants qui avaient évolué vers les mécaboîtes et le scooter font leur retour pour vous fournir les pièces « performance » qui vous permettront de booster les performances de votre cyclo.
Trouver un 103 Peugeot ?
Trouver un 103 Peugeot s’avère être une mission de plus en plus compliquée.
En effet, comme nous le disions précédemment, beaucoup de cyclo ont fini dans les déchetteries ou sont rester à rouiller au fond d’une grange ou dans un fossé.
De plus, pour les raisons évoquées précédemment, les exemplaires qui ont été conservés à l’état d’origine sont aussi très rares.
Difficile donc de dénicher un exemplaire des premiers 103 qui puisse être restauré à l’état d’origine. Il faut donc s’armer de patience et rechercher un exemplaire le plus complet possible.
Je vous conseille à ce propose de consulter l’article sur les 7 pièges à éviter lorsque l’on achète un mobylette.
Cette mode croissante pour le cyclo s’accompagne d’une montée des prix très significative.
Cette augmentation des tarifs a au moins l’avantage de pouvoir permettre d’envisager des remises en état qui ne soient pas en pure perte.
Les séries spéciales quant à elles peuvent atteindre des sommets.
Attention toutefois avant d’acheter de s’assurer que l’engin convoité ne soit pas une réplique créée de toute pièce à partir d’un modèle courant plus ou moins habilement transformé en série spéciale grâce à un subtil mélanges de pièces dénichées sur le bon coin ou de pièces refabriquées.
Sachez que l’on peut trouver sur Internet toutes les peintures d’origine et les déco qui ont fait le succès de ces séries spéciales à l’époque. De plus, pour les raisons évoquées plus haut, la demande est forte et associée à la rareté elle fait grimper les prix.
Si vous recherchez un 103 Peugeot pour rouler régulièrement Les derniers modèles 103 vogue sont les plus courants et peuvent encore se trouver entre 450 et 750 euros suivant le modèle et l’état. Ce sont des modèles pour lesquelles toutes les pièces sont disponibles, fiables et qui vous apporteront beaucoup de satisfaction sans trop de soucis.
Pour les puristes et les collectionneurs, les séries spéciales peuvent atteindre des sommets, parfois au-delà 3000 euros lorsqu’il s’agit de modèles authentiques.
Alors bonne chasse à tous et longue vie au Peugeot 103. Pour les plus anciens, il vous apportera encore pour de nombreuses années les sensations que vous aviez goûtées dans vos jeunes années. Pour les plus jeunes qui l’ont souvent découvert grâce à leurs parents, il sera source de liberté et de grandes satisfactions et en tout premier lieu celle d’un balade dominicale en famille.